Navigation en Irlande – 2022

Nous voici répartis pour un voyage en mer de 5 semaines avec pour destination l’Irlande du sud ouest à 2 voiliers. Je vous fais un petit roman photo des premiers jours : 

Nous avons levé l’ancre vendredi matin à 7h pétante avec le premier voilier Toccata, de son port d’attache à St Valéry sur Somme. C’est Christian, son propriétaire qui commande le bateau, et on est pour le moment 3 personnes à bord (Christian, Mat et moi).
Nous avons essuyé un petit grain hier, une petite pluie sur la tête toute l’aprem, en étant obligés de rester dehors pour surveiller, mais avec des vêtements adaptés, ça passe crème. C’est moi qui m’y suis collé pendant la sieste des mecs. J’avais fait la mienne le matin.
En fin de journée, nous nous sommes arrêtés au port de Fécamp pour passer la nuit au calme et manger des coques à la crème pêchées la veille par notre capitaine.


Le lendemain, nous voilà repartis pour une demi journée de navigation vers Le Havre, le port d’attache de Foggy dew, le deuxième bateau. Nous sommes vent de face, donc au pré, c’est à dire tout penchés. Mais le vent est faible et ça ne secoue pas trop. On passe devant les falaises d’Étretat et son aiguille (en arrière plan de la photo). C’est beauuuuuu! du coup on récupère l’Arsène lupin qui en parle à la give box du port du Havre pour le bouquiner. Au programme de l’après midi : quelques réparations sur foggy et nettoyage intégral de Toccata
Aujourd’hui, départ du havre avec les deux bateaux. On commence par sortir foggy de son port via une écluse qui ne s’ouvre que deux fois par jour, et encore, si on téléphone 24h avant. Il ne faut pas se rater… On passe à côté de science po. Petite pensée pour mon cousin Jérémie qui y a fait ses études.

Ensuite, on part pour une longue navigation de 13h vers St-Vaast-la-Hougue où nous devons récupérer 4 personnes demain. Pour le moment, les équipages sont réduits : deux personnes sur Foggy (Mat et moi) et Christian reste seul sur Toccata. Mais il a déjà fait plusieurs trans-Atlantique tout seul donc il a l’habitude. De notre côté, on se relaie pour les siestes, qu’on alterne avec navigation et ménage (Foggy est aussi un peu cra cra…).

Pas un bateau à l’horizon à part Toccata à bâbord (si si, on le voit quand on agrandit. Et on voit la côte au loin. Avec des jumelles, on pourrait apercevoir les plages de Dives sur mer. Spéciale dédicace à ma mère qui y est née !

On récupère du monde à St Vaast, y’a Clémence, Coline, Gaëlle et Jeanne qui déboulent pour naviguer dans la Manche avec nous. Le début de nombreuses allées et venues d’équipage qui nous permettent d’être assez nombreux la plupart du temps. Au programme: arnaque Tatihou (attention la navette retour seule coûte le même prix qu’une journée entière sur l’île avec A/R navette), grosses courses gasoil à Guernesey pour les ceusses qui ont un passeport: on se dégueulasse bien pendant 1h, super plan je recommande! Bréhat et ses panoramas bucoliques (Seb déboule ici) et enfin 7 îles, Trébeurden et Roscoff.

Ici les 4 filles descendent pour laisser la place à Isa fraîchement rentrée d’une conférence covideuse à Toronto, Didou et Louis, Marouane et Adeline. Sur Foggy on a péché 3 araignées mais comme ça remue en quittant les côtes françaises, elles vont squatter qq heures au dessus du placard en attendant qu’on les range, whoops, erreur: le jus qui en coule se répand dans le caisson à sucreries. Dorénavant les plaques de chocolat et confitures hument durablement un délicieux fumet de fruits de mer avariés. Et c’est parti pour la traversée sans attendre! L’amarinage se passe de façon variable suivant les tripes des nouveaux 😛 Arrivés au niveau des Scillys on se rend compte que le moteur de Foggy Dew est bloqué en marche arrière (galère pour manœuvres de port, pétole et autres) mais pas possible de réparer aux Scillys, on décide de se faire livrer un inverseur de rechange près de Cork, il y a un chantier marine et c’est parti! On se perd de vue en route et on est rudement contents de se retrouver 2j plus tard au niveau de côtes Irlandaises!

Et au cas où certains pensent qu’on s’offre uniquement une petite croisière peinarde, voici le descriptif d’un début de quart que j’ai rédigé pendant la traversée aller avec une bonne brise de face et pas mal de mer, donc des manip un peu tout le temps et des vagues sur les vêtements de quart assez souvent (on est content qu’ils soient étanches !!) Sur Foggy, on a choisi de faire des quarts de 2h à deux, suivis de 2h de repos. Méthode discutable : normalement, les gens font plutôt 3h-3h quand il faut faire tourner à 2, mais bon, on teste. Résultat : ça pique au réveil et on est vite obligé d’étirer les quarts en journée pour pouvoir dormir et tenir la longueur. 
Voici une description de la manière dont se passaient les débuts de quart de nuit pour Julie (et probablement le reste de l’équipage):

En quart de nuit, on entend par repos « être allongé à peu près habillé dans une couchette penchée à 30 degrés et lutter pour ne pas écrabouiller son mec qui dort à côté et qui a lui aussi besoin de se reposer ». Quand on est top fatigué, on dort. Tu te lèves donc après 2 grosses heures de vague repos sur le son de « Julie, c’est ton quart ». Bon. Tu sort de ta couchette, tes bottes ont glissé de l’autre côté du bateau, lui aussi penché. Tu les rejoins en glissade chaussettes et tente de les enfiler pour aller aux toilettes. Le bateau ne fait pas que pencher, il cogne aussi contre les vagues: deux bleus. Départ aux toilettes. L’installation est simple: s’assoir sur la cuvette habillée, attendre un creux de vague pour enlever d’un coup pantalon et culotte d’une main en se tenant bien fort au lavabo face à soi. Un bleu de plus. Pas de bol, on est bâbord amure, c’est à dire que le bateau est penché vers tribord et que les toilettes situés à bâbord sont penchés vers l’avant, toujours de 30 degrés et le contenu avec. La technique : pisser lentement et pas trop fort en pompant en même temps pour évacuer. Je passe l’essuyage et le rhabillage a une main. C’est le moment où on prend le plus de risque de se faire éjecter sur le lavabo. Deux bleus de plus. Extraction des toilettes pour s’habiller avec ses vêtements de quart. Extraction des bottes, glissade non maîtrisée avec atterrissage sur la table à carte (1 bleu de plus, mais un joli), remontée laborieuse à une main avec bottes et salopette dans l’autre. Deuxième tentative : enlever ses bottes sans qu’elles partent, enfiler sa salopette, sa polaire, puis glissade maîtrisée vers la table à cartes pour récupérer son tour de cou, sa cagoule et sa frontale, puis sa veste de quart, touche finale. Habillage terminé. Temps d’exécution 15’

Finalement on va perdre un peu de temps à Crosshaven car le livreur (TNT) a du retard et pipeaute sur la livraison, mais Toccata part en éclaireur (à 10, soyons fous!) et fait halte à Kinsale (pubs, etc.) et Louis, Isa et Christian reviennent par différents moyens (bus ou semi marathon) pour remonter la pièce au cul du moteur de Foggy et pouvoir repartir. Finalement tout le monde se retrouvera à Courtmartsherry pour la suite de l’aventure.

La suite se passe bien, mais il n’y a pas de vent, les Irlandais disent qu’ils n’ont pas vu ce climat depuis les années 50! Canicule de 31°C!!! Pour nous ça passe mais là-bas ça picole plus que d’hab 😉 On motorise entre parties de pêche, balade, pub, BBQ, dauphins …

Au résultat on parvient à remonter jusqu’à Dingle qui sera notre point de départ d’Irlande (Marouane, Louis et Adeline nous ont abandonné remplacés par Bastien, Laura et Marie) pour un retour-cavalcade en France avec le vent qui est de retour.

Encore qq fixettes sur le moteur de Foggy qui vibre un peu trop pour les durites environnantes et après une petite appréhension sur la tenue de l’alternateur pendant le passage du rail des cargos de la Manche (le DST qu’on dit dans le jargon) on déboule tranquille à Roscoff, pas de bulots aux rendez-vous alors on speede vers Cherbourg (tout le monde descend). Il ne reste plus que Christian, Romain et Mat pour ramener les bateaux, Foggy est amarré au Havre et Toccata à Saint Valéry après 34j en mer!

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